« UN BÂTIMENT RÉFLÉCHI POUR LE CONFORT DES VACHES ET LE NÔTRE »
LE GAEC COLSON CROIT AU LAIT : ALORS QUE LA RELÈVE SE PRÉPARE, IL A INVESTI 861 000 € DANS UN BÂTIMENT POUR LOGER BIENTÔT 135 VACHES BRUNES CONFORTABLEMENT.
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INITIALEMENT INSÉRÉE DANS LE VILLAGE DE FRÉNOIS (CÔTE-D'OR), l'exploitation de Bénigne et Benoît Colson s'est délocalisée il y a vingt-cinq ans à Moloy, au milieu des prés. Depuis, le nouveau site développé dans un vallon très froid, au sud du plateau de Langres, n'a pas cessé de s'agrandir. Le dernier bâtiment mis en service l'été 2014 est une belle construction à ossature en bois lamellé-collé, d'une seule portée et d'une surface de 2 400 m2 (fumière couverte comprise). « Sur l'ancienne aire paillée construite en 1990, nous étions bloqués à 80 vaches, explique Benoît Colson, l'un des trois associés du Gaec familial. Avec une 2 x 6, la traite était devenue longue. Pour faire les 120 000 litres de quotas supplémentaires attribués à mon neveu Baptiste lors de son installation l'an passé, il fallait construire un bâtiment neuf. En investissant dans 130 places pour produire plus de un million de litres, avec une traite robotisée, nous avons misé sur l'avenir. »
La nouvelle stabulation en logettes a été réalisée avec un triple objectif : réduire l'astreinte, améliorer le confort des animaux et respecter les normes environnementales actuelles et à venir. Le choix du robot s'est imposé comme une évidence. « Même avec un roto, brancher autant de vaches, c'est fatigant pour les épaules, note Benoît. Et le robot a l'avantage de la souplesse en matière d'horaires. » C'est un atout majeur dans cette famille où les associés assument des responsabilités en dehors de l'exploitation. Bénigne Colson est maire de Frénois et vice-président de la communauté de communes. Benoît Colson est engagé dans plusieurs organisations d'élevage et, depuis peu, président de SCA Brune Expansion. Baptiste est président cantonal JA et délégué MSA.
« NOTRE PAILLEUSE DÉROULEUSE EST SUSPENDUE SUR UN RAIL »
Par ailleurs, ils gèrent une entreprise spécialisée dans le pressage de paille (800 ha/an), l'enrubannage en boudins, les semis et les traitements de céréales (150 ha/an). « L'été, nous n'avons pas d'horaires. Entre deux chariots de paille à décharger, je peux venir voir les vaches et surveiller les écrans. »
Il était clair également pour les éleveurs qu'il n'y aurait pas de caillebotis. « Nous voulions du fumier. D'ici à quelques années, nous aimerions investir dans la méthanisation. Promener du fumier est plus facile que du lisier. » Avec le repousse-fourrage, la ration est désormais repoussée toutes les deux heures au lieu de trois fois par jour. « Les vaches ont toujours à manger », se félicite Benoît, en charge du troupeau. Été comme hiver, l'alimentation se compose d'ensilage de maïs (30 kg), d'enrubanné de prairie (4,2 kg) et de luzerne (4,7 kg), et d'un mélange de tourteaux (1,5 kg). S'y ajoutent un concentré azoté et un VL 22 distribués au robot de traite, en fonction de la production individuelle.
Pour déranger le moins possible les vaches et réduire la poussière, les éleveurs ont opté pour une pailleuse suspendue sur rail. Très maniable, la machine tourne à 360° et revient en arrière. Il est possible de ralentir le tapis et de régler la vitesse d'avancement. Au-dessus des robots de traite, toutefois, le bâtiment s'est révélé à peine assez haut. Il a fallu détourner le rail pour assurer l'entretien de l'aire paillée qui se situe derrière les stalles. « À défaut d'avoir un plafond plus haut, il aurait fallu mettre les deux robots en ligne au lieu de les disposer en L. Mais cette configuration fluidifie la circulation autour du robot.Par ailleurs, sur trois rangées de logettes, deux seulement sont correctement paillées. Sur la troisième, la paille tombe devant les logettes. Il faut donc la reprendre. » Malgré ces imperfections, les associés sont satisfaits de leur équipement. « Il faut compter une demi-heure pour distribuer deux bottes carrées par jour. »
« NOS VACHES ONT EU DE SURPRENANTS PROBLÈMES DE JARRETS ENFLAMMÉS »
Avec des logettes sur matelas recouverts de 4,2 kg de paille par VL/j, les laitières sont propres. L'attention apportée au confort n'a toutefois pas empêché la survenue de gros problèmes au début. « Une vache sur deux a souffert de jarrets enflammés. Au moins trois vaches cassées ont dû être euthanasiées, dont une mère à taureaux. Quinze femelles ont été réformées prématurément. Les anciennes ont été plus atteintes que les jeunes. »
Les éleveurs ont aussi dû faire face à une flambée de cellules. « Nous avons frôlé l'arrêt de collecte. En arguant du changement de bâtiment et de système de traite, nous avons obtenu une dérogation de six mois. Et pourtant, tous les animaux allaient vraiment bien dans les logettes, et la fréquentation du robot était bonne. Depuis que nous vaccinons le troupeau contre les mammites et mettons un peu d'asséchant sur la paille, la situation s'est améliorée. Ne pas mettre de paille sur les tapis n'était pas une solution pour nous qui avons besoin de fumier. Heureusement, les vaches qui se sont bien acclimatées au bâtiment ont fait plus de lait, ce qui a compensé la baisse de production des autres ». Le comptage du contrôle laitier d'avril faisait état de 348 000 cellules (317 000 auparavant) et 37 de TP. Dix mois après la mise en service du bâtiment, Benoît s'interroge toujours : « Nous n'avons pas trouvé d'explications sur ce qui s'est passé. Le fabricant de matelas ne nous a pas pris au sérieux. Il n'avait jamais vu ce type de problème. Alors qu'on avait tout fait pour que ça aille bien, nous avons été déçus. Heureusement, nous avions prévu une aire paillée dans le bâtiment : ses douze places étaient toujours pleines. »
Malgré cet épisode difficile, les éleveurs se félicitent du confort de leur bâtiment. « Nous avions déjà des animaux tranquilles. Avec la circulation libre et l'accès au robot jour et nuit, les vaches un peu timides sont plus zen. »
Autour du bâtiment, une parcelle de 7 ha a été réensemencée pour mettre les vaches à l'herbe. « Toutefois, la pousse de l'herbe se limite à deux mois par an. Pour permettre un accès libre au pâturage, une porte intelligente va être posée. Faire sortir les animaux est un atout pour leur santé. C'est aussi une façon d'anticiper les normes à venir en matière de bien-être animal. »
« NOUS DEVONS SATURER LE ROBOT »
Le robot donne entière satisfaction. « C'est un outil très fiable pour détecter les chaleurs, même la nuit, ou quand elles sont courtes ou en retard, les mammites et autres vaches malades. C'est aussi un bon moyen de motiver les associés qui sont plus "cultures" qu'élevage au suivi du troupeau. Pour tenir compte des températures très basses l'hiver, les robots ont été isolés et disposent d'un système de chauffage par soufflerie d'air. »
L'objectif maintenant est de remplir le bâtiment au plus vite et de saturer le robot. « Même si ce serait l'idéal, nous n'attendrons pas que le prix du lait remonte pour acheter quelques vaches supplémentaires. » En mai, le prix de base du lait se situait à 290,68 €/1 000 litres. Dans la coopérative qui livre à Senagral et qui collecte environ 50 Ml dans le nord de la Côte-d'Or, des opportunités de développement existent. « 10 % du lait ne sont pas réalisés. »
Et puis sur l'exploitation, la relève se prépare : Matthias, le fils de Benoît, passe son BTS productions animales cette année. Il partira quelque temps au Canada avant de s'installer. Comme son père, il est intéressé par les animaux. À la ferme, les candidats ne manquent pas : Simon, 15 ans, un autre fils de Bénigne, initialement plus tourné vers le matériel, pourrait être intéressé pour rejoindre le Gaec.
ANNE BRÉHIER
Content de voir ses vaches brunes bien logées, Benoît Colson se projette dans l'organisation du Mondial de la brune qui se déroulera du 6 au 10 avril 2016 à Mende (Lozère). REPORTAGE PHOTOS © ANNE BRÉHIER
Pailleuse suspendue sur rail Pour déranger le moins possible les vaches et réduire la poussière, les éleveurs ont opté pour une pailleuse suspendue sur rail. C'est une première dans la région.
Robots en L Les deux robots ont été disposés en L, une configuration qui fluidifie la circulation des animaux. Pour les isoler du grand froid l'hiver, ils sont protégés par un rideau.
Repousse-fourrage Avec ce matériel, la ration est désormais repoussée toutes les deux heures au lieu de trois fois par jour.
D'abord logés près de la laiterie, les petits veaux sont hébergés à l'extérieur pendant quinze jours en niches individuelles. Celles-ci sont positionnées sous l'avant-toit de la surface bétonnée, côté sud-est. En cas de grand froid ou de maladie, ils sont rapatriés dans la nurserie.
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